Aristote affirmait déjà qu'avant l'usage de la monnaie, les hommes échangeaient ce qui manquait aux uns et était trop abondants aux autres. Le passage direct du troc à la monnaie est pourtant une vue de l'esprit. Certains objets avaient une valeur d'échange abstraite. Les bœufs destinés aux sacrifices faisaient partie de ces 'paléomonnaies' qui réglaient les naissances, les mariages, les deuils et servaient à déclarer la guerre ou à faire la paix.

Le mot 'pecunia' qui donna ensuite dans notre langue des mots comme pécule ou pécunier vient du terme 'de pecus' qui signifie troupeau et que les romains employaient pour désigner la monnaie à l'époque où toute propriété était désignée en têtes de bétail. 'capita' 'qui sgnifie tête de bétail, a donné, quant à lui, le mot capital.

10.000 ans avant Jésus-Christ, au paléolithique supérieur, les paléomonnaies étaient plutôt l'ambre ou l'obsidienne, tandis que l'homme de Cro-Magnon utilisait des coquillages en guise de monnaie. Cette pratique se retrouve en Afrique où des coquillages (cauris) étaient percés et enfilés par liasses de 12, 20, 40 ou 100 unités. (Cette pratique a encore cours dans le Sud du Burkina Faso. Ailleurs en Afrique, les achats se faisaient avec des perles en dans d'autres endroits, la monnaie d'échange était le sel.

"Comment çà tu veux que je te prête de l'argent ! Mais çà ne pousse pas sur les arbres !

Vous avez sûrement déjà entendu cette expression, mais savez-vous quelle est sont origine ? Ce sont tout simplement les conquistadores espagnols au XVIème siècle qui l'auraient ramené en Europe lorsqu'ils s'aperçurent que les Aztèques et les Mayas se servaient de graines de cacao comme monnaie d'échange.

Les premières pièces d'or

La pratique monétaire a progressé avec le développements des Etats pour évaluer les tributs, les impôts et les taxes. L'or et l'argent furent d'abord estimés au poids. En fait, les premières pièces seront tout simplement des tranches de lingot (chez les Hittites, on garnissait son porte-monnaie de lingots de fer. D'ailleurs, n'en déplaise au chercheurs de trésors, les célèbres mines du roi Salomon étaient en réalité ... des mines de cuivre)

Puis, afin de prévenir la fraude et d'accélérer les transactions, on imagina des pièces de monnaie proprement dites, pesées d'avance et dont la valeur (monnaie de compte) était définie et garantie par l'effigie du prince.

C'est en Anatolie, où coule la rivière Pactole (mot qui nous sert aujourd'hui à désigner une grosse fortune ou un gros tas d'argent) qui charriaient dans son lit de multiples paillettes d'or que Crésus (d'où l'expression 'riche comme Crésus'), roi de Lydie, frappa vers 550 avant Jésus-Christ, les premières pièces d'or. C'est le début de la longue histoire du pouvoir et de l'argent.

En ce qui concerne notre chère (à tout point de vue) monnaie, le mot 'franc' débute avec une prise d'otage : En 1360, afin de libérer leur roi Jean le Bon capturé à la bataille de Poitiers, ses sujets paient une rançon de trois millions d'écus d'or. On frappe à cet effet une pièce où le souverain est représenté sur un cheval, brandissant une épée de la main gauche. Elle permit au roi de revenir franc (c'est à dire affranchi) dans son royaume. Ce nom resta à la pièce et se substitua souvent à la livre.

Mais, durant ce Moyen Age finissant, quelques grands seigneurs, roitelets de province, frappaient encore leur propre monnaie. Un marchand parisien pouvait avoir en caisse des livres et des sous tournois, parisis, mansois et chacune de ces monnaies était estimée en denier forts, bons, faibles, selon l'année d'émission. Ce n'est qu'avec Louis XIV que la livre eut un cours exclusif. D'ailleurs, d'où vient le mot 'banque' ? Banque vient du latin 'banca' qui signifie 'banc'. Au Moyen-Age, puisque chaque seigneur, chaque évêque, et dans les villes, l'assemblée des notables, frappaient leur propre monnaie, une pièce ayant cours dans un lieu n'était quelque fois pas valable dans la ville ou le village voisin. C'est ainsi que naquit la profession de banquier qui ne fut primitivement qu'un agent de change. Il s'installait les jours de marchés sur un banc, échangeant son argent, avec profit évidemment, contre celui qu'on lui présentait. Cela se pratiquait non seulement au plan local ou régional mais aussi à l'occasion des foires internationales comme celle de Lyon par exemple.

Les techniques de frappe étant rudimentaires, la fraude se généralise. Des espèces métalliques contenant moins de métal précieux qu'une autre frappée de la même valeur prolifèrent : ce sont les billons. Les changeurs, marchands, collecteurs d'impôts et autres billoneurs retiraient les pièces les plus lourdes de la circulation pour les vendre au poids et à bon prix chez les orfèvres. Ils faisaient ainsi un bénéfice sur la valeur nominale. D'autres gratte-monnaie besogneux, rognaient aussi sur le métal précieux dans le but d'en produire plus pour la même quantité.

On s'emparait pour l'exemple de quelques contrevenants que l'on faisait bouillir dans des chaudrons. Mais rien n'y fit. On en vint alors à imposer le pesage des pièces pour garantir les pièces. Lorsque le budget était en déficit, le roi lui-même sacrifiait à cette pratique : Louis XIV faisait fondre à l'Hôtel des monnaies les pièces pour en créer de nouvelles, du même aloi que les anciennes, mais d'un poids diminué, permettant ainsi d'en tailler plus dans un même lingot.

De la pièce au billet

La monnaie ancienne était une monnaie-marchandise ayant une valeur réelle. Aujourd'hui, c'est une valeur-papier, fondée sur la simple confiance inspirée par l'Etat qui en impose le cours forcé.

Contrairement à ce que l'on croit, l'ancêtre du billet de banque n'est pas la pièce métallique, mais la lettre de change que les marchands faisaient circuler à travers l'Europe. Comment s'y est-on pris pour familiariser le grand public avec le papier-monnaie ? En 1701 un décret stipule que les pièces ont un nouveau cours et que les anciennes monnaies seront surfrappées. Tous doivent rendre leurs pièces qu'ils possèdent car pour frapper les nouvelles, on manque de matière première. En échange, on délivre au déposant un billet remboursable en quelques jours, le temps de fabriquer de nouvelles pièces. Puis ce délai est porté à un mois et plus.

Par la suite, la Banque de France créée sous Napoléon sera dotée du privilège d'émission des billets, et leurs cours forcé sera définitivement établi en 1914.

Un petit mot sur le dollar

Le mot 'dollar' vient du 'thaler' germanique frappé en 1518 en Bohème, sous Charles Quint. Plus tard, les Hasbourgs firent frapper dans leurs colonie d'Amérique latine, des pièces appelées 'thaler' ou 'tolar' qui ne tardèrent pas à s'appeler 'Pillar dollar' du nom des 2 colonnes qui y figuraient et qu'on nomma par la suite 'Spanish Pillar dollar'. Le S de Spanish et les 2 colonnes donnèrent l'abréviation $.



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